Infections sexuellement transmissibles : augmentation importante de la résistance du Mycoplasme aux antibiotiques (macrolides)

 

 

                                                                 

Depuis la découverte en 1981 de Mycoplasma genitalium il a été montré que cette bactérie sexuellement transmise pouvait  provoquer des infections symptomatiques de l’urètre, du col de l’utérus, de l’anus et du rectum et plus rarement être compliquée d’atteintes plus haut situées (salpingite, orchi-épididymite). Dans une grande majorité des cas cependant, la présence de M. genitalium ne s’accompagne d’aucun symptôme chez les 1 à 3 % de la population générale qui en sont porteurs (1). 
Depuis quelques années, pour des raisons à la fois propres à la bactérie elle-même et en rapport avec l’utilisation préconisée de l’azithromycine dans le traitement « à l’aveugle » de symptômes d’infections urogénitales, une augmentation inquiétante de la fréquence de la résistance de M. genitalium aux antibiotiques de la famille des macrolides est observée (2), atteignant jusqu’à 40% des échantillons positifs à M. genitalium collectés au Centre National de Référence des Infections Sexuellement Transmissibles bactériennes en 2017. 
Parallèlement, des tests performants permettant le diagnostic de cette « infection » seule ou avec d’autres infections sexuellement transmissibles ont été développés et sont aujourd’hui utilisés dans beaucoup de Centres Gratuits d’Information de Dépistage et de Diagnostic du VIH des Hépatites Virales et des Infections Sexuellement Transmissibles (CeGIDD). Pour pratiques et performants qu’ils soient, ces tests sont à l’origine de la découverte de nombreux portages asymptomatiques de la bactérie qui n’ont et n’auront, dans l’état actuel des connaissances, très majoritairement aucune conséquence.  
Afin de freiner la sélection de nouvelles souches bactériennes résistantes, toujours dans l’état actuel des connaissances, le Centre National de Référence des Infections Sexuellement Transmissibles bactériennes et le Groupe Infectiologie Dermatologique et Infections Sexuellement Transmissibles de la Société Française de Dermatologie et Vénérologie préconisent les mesures urgentes suivantes : 
- Ne pas rechercher systématiquement M. genitalium parallèlement aux autres agents responsables d’infections sexuellement transmissibles dans le cadre du dépistage de patients asymptomatiques 
 
- Si un patient asymptomatique est néanmoins dépisté positif à M. genitalium : o s’assurer d’abord que la personne dépistée et son/sa/ses partenaire(s) est/sont bien exempts de tout symptôme o si cette condition est réalisée, ne pas traiter et ne pas tester le/la/les partenaire(s) o expliquer à cette personne les raisons de l’abstention thérapeutique 
 
- Réserver la recherche de ce pathogène aux situations symptomatiques : urétrite, cervicite, infection génitale haute, ano-rectite 
 
- Dans la mesure du possible, y associer celle de sa sensibilité aux macrolides (azithromycine) afin de guider le traitement en cas de positivité 
 
- Privilégier la doxycycline (200 mg/j – 7 jours) à l’azithromycine dans le traitement présomptif des symptômes d’urétrite, de cervicite, d’infection génitale haute et d’ano-rectite  
 
- Faire systématiquement un contrôle de guérison 4 à 5 semaines après le début du traitement 
 
 
Références :  
(1) Jensen JS, Cusini M, Gomberg M, Moi H. 2016 European guideline on Mycoplasma genitalium infections. J Eur Acad Dermatol Venereol. ;30(10):1650-1656 
(2) Bradshaw CS, Horner PJ, Jensen JS, White PJ. Syndromic management of sexually-transmitted infections and the threat of untreatable Mycoplasma genitalium Lancet Infectious Diseases 2018; 18(3): 251–252. 

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